La politique de la Ville de Grenoble en faveur des aîné·es et aidant·es : solidarité, entraide et émancipation

La Ville de Grenoble vient de délibérer en faveur des aîné·es, des aidant·es et de l’intergénérationnel. Une délibération cadre qui fait le bilan des actions menées depuis 2014 et un constat des besoins en la matière sur la commune. Ce cadre permet de penser la place des aîné·es dans la ville de demain et d’accompagner les personnes âgées et les aidant·es dans leur choix de vie. Cette politique municipale, portée par la Conseillère municipale et métropolitaine UMA, Kheira Capdepon, en transversalité avec le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), est basée sur un principe simple : une liberté de choix dans les parcours de fin de vie pour permettre à toutes et tous de vieillir comme ils le souhaitent. Les objectifs sont multiples : accessibilité aux services publics de proximité, attention aux plus vulnérables et invisibles, intergénérationnel et lutte contre l’âgisme.

Pourquoi une politique spécifique en faveur des aîné·es et aidant·es ?
L’hétérogénéité des modes de vie des personnes âgé·es et la part croissante des aîné·es dans la population du territoire nous amène à prendre en compte les besoins économiques, sociaux et environnementaux de ces personnes. En 2020, à Grenoble, près de 6 000 personnes de plus de 75 ans vivaient seules chez elles. Un chiffre en constante augmentation depuis plus de 10 ans. Les études de l’Agence d’Urbanisme de la Région Grenobloise (AURG) montrent que le souhait de vieillir à domicile se renforce. Il s’agit de répondre à cette transition démographique, de diversifier les offres d’habitats et d’offrir un cadre de vie adapté aux personnes âgées afin que tous·tes puissent vieillir selon leurs souhaits.
Il y a de plus à Grenoble, une surreprésentation des personnes âgées en situation de précarité sociale et économique : les 25 000 retraité.es grenoblois·es du régime général touchent en moyenne 857€ par mois. Cette précarité se mesure aussi par l’isolement social que vivent nos aîné·es. Une enquête nationale menée en 2021 par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse montre que le nombre de personnes en situation de grand isolement (c’est-à-dire sans ou quasiment sans contact avec les cercles de sociabilité) est en nette progression depuis la période pré-covid19. C’est le cas à Grenoble où 17% des personnes âgé·es ne rencontrent leurs proches qu’une fois par semaine contre 45% de la population grenobloise en général. La perte d’autonomie est aussi un facteur d’isolement. L’accessibilité aux services publics pour toutes les personnes âgées est donc un enjeu social majeur. Une telle politique en faveur des aînées permet d’aller vers celles et ceux qui ne fréquentent pas les services municipaux et de faire un constat des problématiques rencontrées par cette population dans l’accessibilité pour adapter au mieux l’ensemble des politiques publiques.
Le rôle des aidant·es est aussi primordial. Près d’une personne sur six est en situation d’aider un proche en perte d’autonomie et/ou de lien social. Les situations sont plurielles et touchent à d’autres politiques publiques, comme la mobilité : les aidant·es dit “à distance” et ne vivant pas à proximité de la personne aidée sont nombreux. La délibération cadre de la Ville de Grenoble est intergénérationnelle. Elle propose un plan d’action spécifique en faveur des aidant·es de personnes âgées structuré en 3 axes : repérer les aidantes, les orienter et les accompagner en fonction de leurs besoins. En tant qu’employeur la Ville adopte aussi un plan de soutien spécifique aux agentes et agents aidant·es.
« La politique en faveur des aîné·es n’est pas qu’une affaire de personnes âgées. Elle doit être intergénérationnelle » Kheira Capdepon
Cette dimension intergénérationnelle de la politique municipale passe aussi par la lutte contre l’âgisme et la promotion d’une culture de l’âge via l’organisation d’évènements favorisant les échanges entre générations.
La prise en compte des enjeux liés à l’âge dans l’ensemble des politiques que mène la Ville a déjà été reconnue : Grenoble a reçu le label « Ville amie des aîné·es ». Par cette nouvelle délibération la Ville continue son engagement en faveur des aîné·es avec de nouveaux projets. La cité des aîné·es et aidant·es qui ouvrira dans le quartier Hoche en 2025 sera par exemple un lieu central de cette politique : un centre de ressources, d’expertises et de solutions innovantes pour le bien-vieillir. Il offrira des services répondant à la lutte contre l’isolement, permettant le dépistage des fragilités, le répit des aidant·es et permettra une coordination des professionnels (médicaux, services à la personne) en matière de vieillissement.

Une politique participative qui implique les aîné·es
La démarche « Ville amie des aîné·es » associe aussi directement les personnes âgées du territoire à la construction des politiques publiques. Cette politique municipale est ainsi participative : les habitantes et habitants concernés sont impliqués, afin de prendre en compte leurs aspirations de vie et leur expertise. Le Conseil des aîné·es, composé de 36 Grenobloises et Grenoblois de plus de 55 ans permet de recueillir l’avis de nos aîné·es sur la démarche « Ville amie des aîné·es ». Une délibération parallèle à la délibération cadre vient faire évoluer ce Conseil des aîné·es afin qu’il soit une réelle instance de démocratie locale. Les principes de parité et de non-cumul des mandats sont, par exemple, intégrés à la charte.
Pour les prochaines années, l’action municipale en faveur des aîné·es et aidant·es est organisée autour de trois priorités :
- Favoriser le lien social via la lutte contre l’isolement, la lutte contre l’exclusion numérique, la multiplication des lieux d’accueil de proximité et l’accès aux services publics et aux loisirs pour tous les aîné·es ;
- L’accompagnement du vieillissement à domicile : être un soutien pour les aîné·es via les services à domicile, et continuer de s’engager auprès des aidant·es avec le Plan d’action municipal ;
- Offrir des hébergements de qualité qui soient des lieux de vie ouverts sur leurs quartiers. La Ville s’engage pour des lieux de vie adaptés et diversifiés : lieux de vie collectif (EPHAD), résidence autonomie, etc.
Cette politique de solidarité basée sur des valeurs d’entraide, de participation citoyenne et d’éducation populaire s’adapte de manière à vivre sa fin de vie en garantissant à toutes et tous la liberté de choisir son cadre de vie et en intégrant toute une partie de la population à la vie de la Cité.