Ici, les migrant·es co-construisent la politique d’accueil

A la croisée des enjeux d’accueil des personnes migrantes, de renforcement de la démocratie et
de construction de politiques métropolitaines, l’AGORA a rempli ses promesses. L’AGORA ?
C’est un espace de dialogue avec les personnes concernées pour construire et faire vivre une
politique d’accueil renforcée sur le Grand Territoire Grenoblois. Un dispositif inédit qui, depuis
2023 a permis de faire progresser notre territoire dans son hospitalité. Retour sur cette initiative
avec Céline Deslattes, Vice-présidente en charge de la jeunesse, l’emploi et l’insertion.
« J’ai souhaité que les personnes mobilisées dans cette démarche ne soient pas seulement celles et
ceux qui sont dans les clous administrativement, qu’on appelle les bénéficiaires de protection individuelle
(BPI). La question de l’hospitalité ne se juge pas sur un dossier administratif, l’accueil dans notre
Métropole comme ailleurs se doit d’être inconditionnel » partage Céline Deslattes quand elle retrace
l’histoire de cette AGORA.
Ici comme dans 13 autres métropoles de France, nous mettons en œuvre pour l’État un contrat territorial
d’accueil et d’intégration, pour coordonner localement les actions en faveurs de l’accueil de personnes
en situation de migration. Pour autant, nous constatons que les propositions des services et des
associations ne sont pas toujours ajustées aux besoins. Face à ce constat, nous avons choisi de ne pas
être un simple opérateur de l’État, et de mener un travail de fond avec des personnes migrantes
volontaires, aux statuts administratifs, niveau d’éducation, langues, variés. Retenus dans le cadre d’un
appel à projet européen, et fruit d’un travail partenarial étroit avec les associations, l’AGORA a ainsi vu le
jour,
Nous voulions faire entendre la parole des concerné·es, allant au-delà des publics cible classiques des
politiques d’accueil de l’État et de la Métropole, pour ensuite montrer qu’ils et elles sont des citoyennes
et des citoyens comme les autres. Ce sont près de 25 participantes et participants qui ont tout d’abord
dressé un diagnostic des actions menées jusqu’à présent. Accompagnés par des traducteurs, un
facilitateur graphique et les agentes de la Métropole, très engagées sur ce projet, ce groupe a atteint les
objectifs fixés : s’approprier le territoire et son fonctionnement, partager leurs expériences vécues et
expertises d’usage d’un parcours de personne migrante… Au centre des échanges : l’accès à
l’information, le logement, la maîtrise de la langue, l’emploi et les discriminations et… l’accès à la
citoyenneté et donc aux droits ! Pour ensuite proposer des pistes de solutions concrètes : une boussole
pour l’hospitalité pour outiller associations et service public, un guide des nouveaux arrivant étrangers…
In fine il s’est agi de contribuer à la chose publique, en étant reconnu comme légitime à le faire. En
somme, faire acte de citoyenneté.
Et c’est là un des enseignements précieux de l’AGORA, dans la ligne de nombreuses démarches de
participation citoyenne : mettre au centre de la réflexion la parole des personnes concernées permet de
mieux construire nos politiques publiques. Céline Deslattes se souvient : « J’ai vu évoluer les
participantes et participants au fur et à mesure des sessions des AGORAs. Il y a des personnes qui ne
prenaient pas du tout la parole et qui à présent s’expriment, se sont approprié les choses. Et qui ont à
cœur de défendre ce qu’ils ont produit. Mais aussi, les participantes et participants ont pu se rendre
compte que les difficultés rencontrées ne relèvent pas seulement de leur statut de migrant, comme sur le
logement par exemple, ». Ces travaux ont été partagés bien au-delà de notre territoire, les participantes
et participants ayant pris la parole lors de sept évènements nationaux et internationaux d’envergure pour
témoigner de cette expérience participative. Jusqu’à recevoir le Prix de la concertation, remis par
l’association Décider Ensemble, en 2024, en reconnaissance du caractère innovant et positif de cette
démarche pour la démocratie et la participation citoyenne. L’AGORA, c’est aussi la délivrance de
certificats de participation pour enrichir le parcours d’intégration des participantes et participants. Et pour
faire grandir cette dynamique initiée par la Métropole, se tiennent tous les 15 jours des cafés de
l’hospitalité à la Correspondance.
A terme, dans la suite des travaux de l’AGORA, une Maison de l’hospitalité ouvrira, pensée comme un
lieu pour un meilleur accueil des personnes migrantes. Selon Céline Deslattes, le meilleur signe de la
réussite de ce dispositif est la constitution en association du groupe des 25 participantes et participants de l’AGORA, afin de poursuivre le dialogue avec les collectivités, dans l’esprit de partage et de
citoyenneté à l’origine de cette démarche. Un outillage et des personnes ressources précieuses pour les
communes de la Métropole et d’ailleurs, qui, demain pourraient à leur tour vouloir renforcer leur capacité
à l’hospitalité et l’accueil.

EN CHIFFRES
23 structures locales impliquées dans le travail
50 autres habitants primo-arrivants de la métropole sondés
25 participantes et participants sur l’ensemble des 2 AGORAs