Eté 2025 caniculaire : dès demain, il nous faut faire mieux

Les fortes chaleurs de cet été, continues et exceptionnelles, doivent être un électrochoc. Pour davantage protéger les habitant·es, il nous faut davantage soutenir nos services publics de proximité et investir massivement dans l’adaptation. C’est là la condition d’une solidarité réelle et durable sur notre territoire. 

A Grenoble, les températures ont atteint 37 °C en juin puis 40 °C en août, avec au total 16 jours au-dessus des seuils de canicule. L’été 2025 se classe ainsi au troisième rang des étés les plus chauds en France. Pire, les scientifiques préviennent que cet été sera frais selon les standards de 2050. 

Et les conséquences sur nos conditions de vie sont multiples : pression accrue et conflits d’usage sur l’eau potable , multiplication des événements extrêmes comme les inondations ou les incendies. Les impacts sanitaires sont aussi importants, les vagues de chaleur et la pollution de l’air aggravée entraînent comorbidités voire décès. La canicule de juin 2025 aurait par exemple causé près de 2 300 morts en Europe, 400 à Paris. Ces conséquences touchent tout le monde mais frappent d’abord les plus vulnérables, nos aîné·es, nos enfants, les plus précaires et les plus isolé·es.

La programmation d’hier soutient nos services publics aujourd’hui en première ligne

Dans ce contexte, les services publics de proximité jouent un rôle décisif. Ils sont le rouage essentiel du maintien du lien et de la cohésion sociale en période de crise. 

A l’échelle communale, les centres communaux d’action sociale (CCAS) réalisent un travail de terrain indispensable pour repérer, alerter et accompagner les plus précaires. Ce travail doit être encore renforcé. A l’échelle métropolitaine, c’est dans l’anticipation et l’adaptation des services publics du quotidien (eau, logement, transports) que réside le succès. Ainsi le réseau public d’eau potable, repris en main après des décennies de mauvaise gestion privée, doit continuer d’être entretenu et amélioré pour toujours servir les métropolitain·es. Les espaces verts publics régulièrement créés ou entretenus participent de la régulation de l’effet îlot de de chaleur urbain et accueillent les urbains en quête d’une relative fraîcheur : cette logique doit être poussée afin que chaque coin de ville intègre un bout de nature. Enfin, les plus de 20 000 logements publics et privés rénovés et adaptés depuis le lancement du dispositif Mur/Mur appelé de nos vœux permettent de prendre soin des habitants les plus fragiles et d’atténuer les effets de la canicule. 

Ces réalisations sont rendues possibles par le travail de planification effectué entre 2014 et 2020. Les PLUi, PCAEM, PLH et autres PDU sont autant de sigles perçus comme éloignés du concret et du quotidien, ils représentent pourtant des financements et du personnel priorisés pour atténuer et s’adapter à la crise sociale et climatique. Un réseau d’eau fiable, des logements sains, des espaces publics de fraîcheur : il ne s’agit pas de confort, mais bien de protection collective

Gouverner, c’est prévoir

Face à l’insuffisance du gouvernement et de son 3ème plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC 3), la Métropole a une responsabilité immense. Elle dispose de leviers puissants – eau, logement, mobilité, climat-air-énergie, déchets – mais doit mener une politique volontariste, qui s’est essoufflée depuis 2020. 

Gouverner c’est prévoir, or l’effort de planification s’est fortement tari dans ce mandat. Un exemple symptomatique: dès 2005, le territoire s’est doté d’un Plan Climat Air Énergie, complété en 2019 par un plan ambitieux fixant pour objectif – 65 % d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et la neutralité carbone en 2050. Pourtant, ce plan n’a pas été mis à jour durant ce mandat, malgré une obligation légale. 

Par ailleurs, les ambitions en matière de transports collectifs sont au point mort. Aucun projet d’infrastructure majeur n’a vu le jour dans ce mandat. Pourtant, on l’a encore vu cet été, les montagnes et lacs alentours doivent être accessibles à toutes et tous grâce aux transports collectifs, et non réservés à celles et ceux qui disposent d’une voiture. 

Il est temps de relancer nos ambitions collectives pour des services publics et des infrastructures qui comptent vraiment, qui permettent de réaliser la nécessaire transition sociale et écologique. Cela passera nécessairement par des ruptures politiques d’ampleur: 

  • Un véritable choc d’offre en matière de transports collectifs, afin de réduire la place de la voiture individuelle et d’améliorer la santé publique. 
  • La massification du rythme de rénovation thermique, qui est encore trop faible, afin que chaque habitant·e puisse vivre dans un logement décent et bien isolé.
  • L’intégration systématique de la végétalisation dans les projets d’aménagement et de voirie, car la nature en ville est une nécessité vitale. 
  • et une capacité à bâtir ensemble des politiques publiques transversales et renouvelées. 

Investir, c’est protéger

À rebours des discours ambiants sur la rigueur budgétaire, la Métropole doit assumer d’investir pour protéger ses habitant·es. La rigueur budgétaire qui ignore le climat et les inégalités est une fausse économie. Chaque euro investi aujourd’hui dans l’adaptation et la prévention évite des factures sociales, financières et environnementales bien plus lourdes demain. 

La cure d’austérité imposée par le gouvernement aux collectivités locales est le résultat de la dépossession volontaire par l’Etat de ses moyens d’agir. Cette politique dogmatique n’a amené ni prospérité, ni transition sociale et écologique. Nous devons en tirer les leçons. Il nous faut localement se donner les moyens pour relever collectivement les enjeux de la crise sociale et écologique. Cette crise qui se rappelle à nous à chaque vague de chaleur. Car contrairement à la dette financière, qui peut s’échelonner ou se renégocier, la dette climatique et sociale se paie très vite et au prix fort.

Pour la fin de ce mandat et le suivant, la justice sociale et écologique doit rester le fil rouge, et non une option. La Métropole que nous voulons est prévoyante et protectrice, capable d’anticiper les crises et de protéger les plus fragiles, donnons en nous les moyens.